Aller au contenu

Utilisateur:AlekN/Karol Stefan Frycz

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Karol Stefan Frycz (1910 - 1942) Écrivain et journaliste reconnu, Karol Frycz fait partie du mouvement national polonais. Il est juriste de formation.

Karol Frycz est né le 31 octobre 1910 à Kielce. Son père, Stanisław, est juge au Tribunal de grande instance. Sa mère, Jadwiga, est femme au foyer.

    Frycz commence son éducation primaire à Kielce. Il poursuit ses études secondaires au Gymnasium (collège) de cette même ville. Après une demi-année, lorsque son père est nommé au poste de vice procureur à Łódź, Karol y étudie au « Lycée d’État Nicolas Copernic ». Il termine le Lycée en 1928 et passe son baccalauréat avec d’excellentes appréciations. En 1928, il commence ses études de droit à l’Université de Varsovie, qu’il termine en 1933. Une année plus tard, il poursuit sa formation en commençant à rédiger une thèse. En 1939, il obtient le grade de docteur en droit, en cette même Université, qui depuis 1935, porte le nom de Józef Piłsudski. C’est sous la direction du professeur Tadeusz Brzeski (1884-1958), qu’il soutient sa thèse intitulée: La parcellisation dans le district de Jędrzejów, de 1864 à 1914.

     De février 1935 à septembre 1939, il occupe le poste de candidat au bureau d’avocats de Jan Morawski à Varsovie. En février 1939, il est reçu comme référent au département d’information et de la presse à la Chambre d’industrie et de commerce à Varsovie, où il travaillera jusqu’à avril 1940.

    En juin 1938, il se marie avec Félicie, née Postawka. Le 13 janvier 1941, vient au monde sa fille Teresa.

    Durant ses études, il participe probablement aux activités des « Jeunesses suprapolonaises ». Il est cependant certain, qu’il s’est engagé activement au Parti national. Il débute comme publiciste dans les colonnes  de la revue « Myśl Narodowa » (fr: La Pensée nationale) le plus important périodique de la National démocratie, ayant comme but la formation. Il y remplace Jan Rembieliński (démissionnaire en novembre 1936), rédigeant la rubrique: « Na Widowni » (fr: Dans l’auditoire) qui paraît régulièrement. Il est aussi employé au secrétariat de « Myśl Narodowa » et, dans les années 1935-1936, fait partie de la rédaction de la revue juridique « Prawo » (fr : Le droit), organe des Organisations académiques et juridiques polonaises. Ses articles paraissent dans les périodiques comme : « Prosto z mostu » (fr: Droit au but), « ABC », Warszawski Dziennik Narodowy » (fr: Le quotidien national de Varsovie), « Kultura » (fr : La culture) et « Pro Christo » (fr : Pour le Christ).

    Avant l’éclatement de la Seconde guerre mondiale, Frycz commence une collaboration avec l’Institut de l’Est, pour lequel il projette d’écrire un livre intitulé : Le problème de la Hongrie (consacré particulièrement aux relations germano-hongroises). Les plans éditoriaux de l’Institut n’ont pu être réalisés, vu l’éclatement de la Seconde guerre mondiale.

    Durant l’été 1938, plusieurs revues décident de collaborer entre elles, afin de promouvoir la création d’une frontière polono-hongroise. On  fonde même un organisme dénommé: « Entente de la presse », qui regroupe des journalistes et publicistes liés à la mouvance nationale polonaise et l’aile droite du mouvement « sanateur » alors au pouvoir. Cette entente a pris le nom de « Comité de presse et de combat pour une frontière polono-hongroise ». Parmi ses membres, on retrouve des personnages comme Wacław Babiński du « Merkuriusz Polski » (fr : Le Mercure polonais), Adolf Bocheński de la revue « Polityka », Wacław Budzyński du « Jutro Pracy » (fr: La perspective du travail) et Karol Frycz lui-même, comme représentant de la « Pensée nationale », ainsi que l’abbé Józef Jarzębowski du « Pro Christo ». Mis à part l’aspect propagandiste, tout ce groupe organise des réunions et des manifestations en faveur du mouvement. Frycz est présent lors d’une de ces actions, organisées en novembre 1938, accompagné d’Aleksander Bocheński, Stanisław Piasecki, Olgierd Szpakowski et Wojciech Zaleski. En 1939, Frycz entreprend une collaboration avec Wojciech Wasiutyński et sa revue  « Wielka Polska » (fr: La Grande Pologne).

    La pensée politique de Frycz se différencie à bien des égards de celle traditionnellement en vigueur dans la National démocratie, du moins pour ce qui est historiosophie, indépendance de l’Ukraine, relation avec la Hongrie ou au sujet du système monarchique. Le côté exceptionnel et l’originalité de la pensée politique de Frycz, au vu de l’ensemble des opinions de la National démocratie, penche résolument vers une fascination pour la Hongrie, une valorisation de l’art baroque, ainsi qu’une reconnaissance des attentes des Ukrainiens en vue d’un État indépendant, ainsi qu’une approche approuvant le système monarchique. Ses publications politiques se réfèrent surtout aux questions historiosophiques, concernant particulièrement l’histoire de la Pologne, la place et le rôle du catholicisme dans le contexte des réflexions sur la nation polonaise, mais aussi au sujet des buts universels de la religion. À part cela, il consacre beaucoup de place à la politique étrangère, à la place de la Pologne en Europe et aux questions liées à la problématique hongroise. Frycz considère la monarchie comme le système le plus en accord avec la tradition polonaise, assurant une stabilité politique et surtout une compatibilité avec la civilisation latine. Dans ses écrits journalistiques, il présente l’image d’une Pologne grande et puissante.  Au vu des réalités de l’époque, un tel postulat paraît peu original. Cependant, de même que bon nombre de jeunes gens aux convictions nationales, il considère, que c’est par l’élévation et la grandeur que se réalisera la mission historique de la Pologne. Il ne cherche pas des exemples dans la période historique des Piast (bien qu’il apprécie grandement la politique économique du roi Casimir le Grand), mais dans la Pologne des Jagellons. Ce qui mérite l’attention, c’est le fait de considérer l’Union polono-lituanienne de 1385, comme l’événement majeur de l’histoire de la Pologne, qui a consolidé le sentiment historique polonais. Il est convaincu de la nécessité de former un bloc politique en Europe du centre-est, qui ferait face aussi bien au danger allemand que soviétique. C’est dans ce but que la Pologne avait obligation d’affermir ses relations avec la Hongrie. Il est bon de rappeler que Frycz a perçu dans le caractère national hongrois, plusieurs éléments étant un « héritage asiatique » », qui influe sur sa spécificité nationale et le sentiment d’être étranger au sein de l’Europe.  Sa perspective géopolitique est elle aussi fort intéressante, convaincu qu’il est de l’influence du milieu géographique sur la formation du caractère national des Hongrois. Il est persuadé, vers la fin des années trente, qu’il faut avant tout convaincre les Hongrois, les Croates et les Bulgares de ne pas collaborer avec le Troisième Reich, car celui-ci met en danger la stabilité de la région. Il a le ferme espoir que la politique étrangère polonaise mènera à une réconciliation entre la Roumanie et la Hongrie, ce qui d’un point de vue géopolitique serait profitable à toutes les parties intéressées. Frycz proclame des idées proches des milieux appelés « Myśl Mocarstwowa » (fr : La Pensée d’une puissance). Selon Frycz, les Polonais, Croates, Hongrois sont unis par la même mission civilisatrice, celle d’être un « avant-poste de la chrétienté », de posséder les mêmes assises sociales d’une noblesse, qui a formé la mémoire historique de ces nations.

     Après l’entrée de l’armée polonaise sur le territoire de Zaolzie (1939) - contrairement à une majorité enthousiaste de l’opinion publique - Frycz y voit avant tout une menace provenant du Troisième Reich, qui commence à encercler la Pologne. Dans la construction du système de sécurité internationale en Europe centrale, initié par la Pologne, c’est à la Hongrie que reviendrait le rôle principal (selon les prévisions de Frycz, la Slovaquie devait se soumettre à la Hongrie, car trop faible pour se maintenir comme État autonome), ainsi qu’à une Ukraine indépendante. C’est pour cette cause qu’il suscite un intérêt particulier dans les milieux dits « prométhéens ». Frycz prouve sans équivoque l’existence d’une nation ukrainienne, dont les racines remontent aux temps de la domination des Cosaques. Il considère la question ukrainienne comme un défi civilisateur pour l’Occident, soutient que l’Ukraine doit être indépendante pour cause de raison d’état polonaise. Elle doit donc être: occidentalisée, liée par un accord avec la Pologne et bâtie sur le catholicisme, ou autre forme de d’orthodoxie qui reconnaîtrait la primauté du pape.

    Lorsque qu’éclate la Seconde guerre mondiale, Frycz habite en province. Peu après, il revient à Varsovie pour s’occuper de son père gravement malade, qui meurt le 24 septembre 1940. En ce même septembre 1940, il est arrêté par la Gestapo. Le 22 septembre, il est déporté par un transport de Varsovie au camp de concentration d’Auschwitz, où il reçoit le matricule 4656; il est considéré comme un prisonnier politique. Grâce aux interventions de son épouse Félicie, on le  libère au bout de deux mois. Ayant quitté  le camp d’Auschwitz, il revient à la campagne et  termine un imposant livre intitulé: « Prawdziwa Polska » (fr: Une véritable Pologne). Dans cet ouvrage, il fait preuve d’un universalisme chrétien, au point de considérer que l’époque des États nationaux est définitivement révolue et qu’à leur place devrait naître une communauté civilisatrice, qui se placerait au-dessus des particularités ethniques, puisant dans l’héritage de l’Europe médiévale.

    Dès décembre 1941, Frycz habite à Cracovie, rue Zamenhof. Il commence en même temps à travailler à la  « Rada Główna Opiekuńcza » (fr: Comité principal d’aide). En avril 1942, Frycz est arrêté une seconde fois et envoyé au camp d’Auschwitz. Sous la date du 25 mai 1942, on le mentionne comme un détenu malade, transporté du bloc hospitalier 28, au bloc 20. Comme cause de sa mort, le 27 mai 1942, on mentionne une crise cardiaque, mais il est plus que probable qu’il ait été fusillé au Mur des condamnés à Auschwitz.